Extraits de l’Etude Diagnostique réalisée par Alain Tillier, Architecte en chef des monuments historiques, septembre 2010
Le château de Miolans, dont l’édification s’échelonne entre entre le XIe et le XVIIe
siècle, s’élève de façon spectaculaire sur un piton rocheux, entre Chambéry et
Albertville, au débouché de la Maurienne sur la combe de Savoie. Vaste et complexe,
cette forteresse, qui constitue une véritable leçon d’architecture militaire de
l’époque pré-classique, appartient à la même famille depuis un siècle et demi.
Classé monument historique depuis 1944, ouvert à la visite depuis quelques dizaines
d’années - dans des conditions que le manque de moyens a rendues quelque
peu rudimentaires au regard de la demande actuelle - le château a fait l’objet
depuis le début des années 1960 d’une série d’interventions qui ont permis de
stabiliser l’état des parties les plus menacées : le statut officiel de « ruine romantique
» de la partie haute du château et les moyens financiers forcément limités des
propriétaires s’étaient en effet conjugués, pendant presque un siècle, pour amener
certains ouvrages à la limite de la dispartition définitive. L’implication de plus en
plus grande des propriétaires, du conseil général de la Savoie et des services de
l’Etat permet aujourd’hui d’envisager un développement concerté des conditions
de visite et d’utilisation du monument.
Au-delà des études et des interventions strictement techniques réalisées à la fin
des années 1990 et au début des années 2000, une étude générale de faisabilité
a été commandée à J.F. Grange-Chavanis, ACMH. Cette étude préalable, rendue
en juin 2006 et approuvée par le Directeur Régional des Affaires Culturelles le
23/10/2007, visait à définir et à chiffrer un programme général de restauration
et de réutilisation des principaux bâtiments de la partie haute du château, avec
aménagement d’espaces réception et d’accueil. Cette étude très fouillée, dont la
qualité et l’exhaustivité ne sont pas à remettre en cause, a abouti à la définition
d’une enveloppe financière très élevée, sans véritable hiérarchisation des enjeux ni
définition d’un échéancier prévisionnel permettant aux différents partenaires de
se positionner dans le temps vis à vis du projet. C’est pourquoi les propriétaires et
le conseil général de la Savoie ont décidé d’engager une étude complémentaire,
ciblée sur la mise en œuvre échelonnée d’un programme précis, au terme de
laquelle le château de Miolans devrait être pourvu des structures nécessaires à
l’accueil du public et à la présentation pédagogique du monument.
La présente étude, réalisée sous la maîtrise d’ouvrage du Conseil Général de la
Savoie, constitue donc une étude de diagnostic au sens de l’article 2.6 du décret
n°2009-749 du 22 juin 2009 relatif à la maîtrise d’oeuvre sur les immeubles classés
au titre des monuments historiques. Elle s’est donnée pour objet de définir et de
chiffrer les interventions nécessaires à la restauration de la partie centrale du château,
de façon à permettre son utilisation pour l’accueil du public : donjon, salle des
gardes, anciennes cuisines et constructions attenantes. L’étude devait également
préciser les interventions à prévoir pour la mise hors d’eau du chemin couvert qui
relie le châtelet d’entrée et la tour Saint Pierre, et pour la sécurisation des fossés
est et ouest du château.
Afin de faciliter l’analyse d’un site dont la topographie compliquée rend l’appréhension
spatiale particulièrement ardue, une campagne de photographies aériennes (par
ballon captif) a été réalisée par la société Photec. Les relevés, réalisés dans le cadre
de l’étude préalable de 2006, sont dûs à l’agence de J.F. Grange-Chavanis, ACMH.
La partie historique et analytique de l’étude s’appuie sur le travail remarquable réalisé
en 2005-2006 par Christian Corvisier, historien de l’architecture, lequel effectue,
à la lumière de l’analyse des ouvrages in situ, une relecture aussi complète que pertinente
de publications antérieures qui restaient relativement rapides ou partielles.
Ce travail d’analyse, qui porte essentiellement sur la période cruciale des XIVe-
XVe siècles, mériterait d’être complété sur les périodes médiévales et classiques.
XIe-XIIIe siècles : la partie haute de l’éperon rocheux est occupé par une enceinte rudimentaire, avec une « aula » à l’emplacement des futures cuisines (angle nord-est de l’enceinte haute). Le bâtiment « salles romaines » existe déjà, peut-être complété par une tour maîtresse au sud-est de la plate-forme. La chapelle et sans doute le village occupent l’emplacement de l’actuelle basse-cour. Début XVe siècle (...)
>> En savoir +
« Le fort et inaccessible chasteau de Miolans » , gravure de C. Chastillon, début XVIIe siècle B.N., département des Estampes - Gravure d’Allain Manesson-Mallet, dans Les travaux de Mars, Paris 1671 Collection Musée Savoisien, Chambéry - « Vue du chateau de Miolans, en Savoie à deux lieues au nord-est de Montmélian », fin XVIIe siècle Collection Musée Savoisien, Chambéry - « Vue du chateau de Miolans, en (...)
>> En savoir +
Plan général - Plans de niveaux - Coupes partielles - Élévation extérieure ouest - Élévation sur cour
>> En savoir +
A l’heure actuelle, toute la partie orientale du château (correspondant à l’ancienne basse-cour, entre le fossé et la tour d’Albertville) est à l’usage privé de la famille propriétaire. L’accès à cette zone, en haut de la rampe, s’effectue par le grand portail qui jouxte la tour de la Sauvegarde. A partir du parc de stationnement situé à l’entrée ouest du village, l’accès des visiteurs s’effectue à pied, (...)
>> En savoir +
Les grands axes du programme d’utilisation envisagé seraient les suivants : amélioration des conditions générales d’accueil et de visite par le public : aménagement du parcours de visite, sanitaires, accès des personnes handicapées, accueil des groupes, aménagement d’espaces spécifiques pour l’accueil et l’animation des groupes scolaires, aménagement d’un « espace d’interprétation » permettant d’expliquer (...)
>> En savoir +
Toute remise en valeur touristique du château de Miolans passe de toute évidence par le déplacement de son cheminement d’accès. L’accès actuel par la poterne nord reste confidentiel, malaisé (passage par une galerie humide et obscure, franchissement d’un escalier en vis), perturbe complètement la lecture du site pour le visiteur - qui débouche directement dans les anciennes cuisines en contournant le (...)
>> En savoir +
Les bâtiments de l’ensemble du château se répartissent en quatre catégories principales : bâtiments couverts par des toitures en ardoises : il s’agit en général de toitures XIXe, refaites ou remaniées au XXe siècle (bâtiments d’habitation et chapelle de la basse-cour). Ces toitures, régulièrement entretenues, se trouvent en général dans un état correct. La tour de la Sauvegarde, couverte en zinc, constitue (...)
>> En savoir +
Le bâtiment des anciennes cuisines, dans son dernier état, comportait au moins un plancher intermédiaire à la française -dont le niveau a manifestement été rabaissé postérieurement aux aménagements du XVIe siècle- et dont les consoles de support sont encore en place : sa restitution est assez facile, en prévoyant un plafond bois « à l’identique » recouvert d’une dalle mince collaborante en béton armé de (...)
>> En savoir +
Au-delà du clos et du couvert, puis de la restitution des volumes intérieurs, la finition et l’équipement des salles pourraient s’effectuer progressivement, niveau par niveau, de façon à n’équiper que les espaces intérieurs indispensables au fonctionnement du monument, au fur et à mesure de sa « remise en service ». Dans un premier temps, seuls le rez de chaussée du bâtiment des anciennes cuisines et le (...)
>> En savoir +
L’état général des ouvrages, au terme d’une vingtaine d’années d’efforts (au titre de l’entretien ou des gros travaux) peut être considéré aujourd’hui comme presque correct pour un ouvrage de cette ampleur et de cette complexité. Toutes les zones qui pouvaient présenter un danger pour les visiteurs et les habitants du village, ou mettre en cause la stabilité des ouvrages, ont été consolidés ou mis hors (...)
>> En savoir +
La succession des travaux pourrait être envisagée comme suit : aménagement des accès, raccordement aux réseaux, mise hors d’eau des anciennes cuisines, planchers intérieurs des anciennes cuisines et du donjon, finitions et équipements du niveau rez de chaussée (cuisines et donjon) mise hors d’eau définitive, finition et équipement de la salle des gardes, toiture du donjon En parallèle, il sera (...)
>> En savoir +